LES
INTRODUCTIONS
Pourquoi
une Introduction ?
Si les sociétés trouvent un avantage à venir lever des capitaux en bourse,
c'est que les marchés financiers, via le jeu de l'offre et la demande,
leur offrent des moyens de leurs ambitions, aussi diverses soient-elles.
Au premier chef, une introduction en bourse apparaît comme un moyen pour
les entreprises de mettre du "papier" sur le marché, en échange de quoi
les actionnaires s'associent au développement du groupe en lui apportant
les capitaux nécessaires pour financer sa croissance.
Si la situation financière de l'entreprise est déséquilibrée - du fait
par exemple d'investissements trop lourds - les dirigeants peuvent venir
lever des fonds pour renforcer leurs capitaux propres et assainir ainsi
leur bilan.
D'autres
entreprises viennent chercher en bourse le moyen de grossir voire de s'internationaliser.
Sans argent frais, il est effectivement délicat pour une entreprise dont
la trésorerie est faible d'envisager étendre ses activités, et ce même
si des opportunités se présentent. En levant des capitaux sur le marché,
l'entreprise récolte alors un "trésor de guerre" qui pourra être mis à
profit dans le cadre de rachats d'autres entreprises lui permettant peut-être
ainsi d'atteindre une taille critique, voire internationale.
Faire
coter son groupe en bourse peut également être un moyen pour des dirigeants
de vendre des parts de leur société ou de faire entrer des partenaires
de poids.
Solliciter
l'épargne peut aussi trouver d'autres justifications: ainsi, une des raisons
fréquemment invoquée par les dirigeants lors de leur arrivée en bourse
est leur souci de notoriété. Avoir son groupe coté est en soi revalorisant,
mais c'est surtout un formidable moyen de trouver des partenaires de qualité
(les anglo-saxons y sont par exemple particulièrement attentifs) et un
moyen de mobilisation interne de ressources humaines qui ne se dément
pas : par exemple, par le biais des "stocks-options", ces actions cédées
à des salariés à un prix défiant toute concurrence, une entreprise peut
trouver le moyen de garder à bon compte les personnes essentielles à son
management. C'est aussi un moyen de motiver les salariés via un intéressement
indirect à la bonne marche de l'entreprise. Enfin, la présence en Bourse
et la communication qu'elle entraîne est certainement l'une des formes
les plus efficaces de publicité pour une jeune société.
La
cotation représente aussi une véritable reconnaissance pour l'entreprise,
un atout commercial indéniable. On notera enfin que les sociétés cotées
ont certaines obligations comme celles de publier leurs comptes certifiés
et de réunir leurs actionnaires lors de l'assemblée générale afin de faire
voter les résolutions décidées par le conseil d'administration.
Gagner
avec les intros
Jouer
une introduction peut se révéler payant et doper de façon substantielle
la performance d'un portefeuille. Mais avant de partir à l'aventure, mieux
vaut savoir où l'on met les pieds et connaître les pièges à éviter. Voici
la liste exhaustive des bonnes questions à se poser avant de participer
à une introduction en bourse :
Les
introductions sont-elles en vogue ?
Si c'est le cas, il est possible que l'introduction suive l'euphorie du
moment. Mais il faut se méfier de l'effet rareté: si les introductions
sont en nombre trop important, les opérateurs privilégieront les dossiers
les plus costauds et laisseront de coté les autres.
A savoir : lorsque les marchés vont bien, les établissements n'hésitent
pas à introduire les sociétés au prix fort.
Sur
quel marché la société s'introduit-elle ?
La voie royale est l'introduction au règlement mensuel, le plus liquide
et le plus connu. Le second marché est lui destiné aux entreprises qui
existent depuis au moins 3 ans, alors que le nouveau marché est un marché
"explosif" vers lequel se tournent les entreprises nouvellement crées
afin de financer leur croissance. A savoir : les entreprises qui arrivent
au second marché doivent réaliser au moins 100 Millions de FRF de chiffre
d'affaires annuel (15,25 Millions d'Euros).
Qui introduit la société ?
Les banques et les sociétés de bourse qui introduisent les sociétés sont
responsables du placement garanti; il en découle que ces dernières sont
les premières à se servir et que leurs clients les plus importants sont
souvent avantagés. Si votre intermédiaire financier fait partie des introducteurs,
c'est une raison supplémentaire pour vous intéresser à l'introduction.
A savoir : certains établissements introducteurs ont leur réputation en
la matière.
Quelles
sont les conditions de l'offre ?
L'OPF est la forme d'introduction "la plus juste", c'est à dire celle
qui garantit d'être servi proportionnellement à la demande. Participer
à une OPM revient à trouver "le juste prix" dans une fourchette souvent
difficile à évaluer. Le risque est alors de surpayer ses titres. Quant
à la rarissime cotation directe, elle est réservée aux amateurs de sensations
fortes... A savoir : mieux vaut laisser les OPM et cotations directes
se dérouler avant de "passer à l'action".
Quel est le business-plan ?
Les sociétés du nouveau marché doivent présenter un business-plan qui
soit solide sur le plan de la croissance et de l'arrivée des bénéfices.
Mais bien trop souvent, le plan est mal évalué et se révèle intenable,
la faute soit à des événements extérieurs que la société avait manifestement
sous-estimé, soit à une banque introductrice trop peu scrupuleuse, qui
avait artificiellement gonflé les prévisions de la société pour mieux
la vendre.
Les
dirigeants ou les "familles fondatrices" restent-ils dans le capital ?
Parfois, les dirigeants d'une société viennent en bourse chercher le moyen
de sortir à bon compte du capital, en vendant une majeure partie de leurs
parts. Si tel est le cas, la méfiance doit être de rigueur, c'est peut-être
que les dirigeants n'ont pas confiance et préfèrent "sortir leurs billes"
immédiatement.
Quels
sont les multiples de capitalisation ?
Un multiple de capitalisation trop élevé est souvent à la base d'une déception
lors d'une introduction. Souvent justifié pour des opérations sur des
sociétés au fort potentiel de croissance, il n'en reste pas moins que
le multiple se doit d'être modéré,. Sinon, les investisseurs ne s'intéresseront
pas au dossier, aussi bonne la qualité de l'affaire soit elle. A savoir
: veillez à ne pas dépasser un PER de 20 fois, sauf croissance et visibilité
exceptionnelle.
L'environnement
de la société est-il porteur ?
Une introduction en bourse sur un secteur porteur est plus facile à vendre
que sur un secteur dont le taux de croissance stagne. Cependant, des affaires
moins médiatiques peuvent tout autant se révéler de bonnes affaires pour
peu que la rentabilité soit au rendez-vous. A savoir : veillez à ne pas
surpayer vos titres sur des secteurs "en vogue".
La
situation financière de l'entreprise est-elle saine ?
Point important à vérifier, l'endettement de l'entreprise divisé par ses
fonds propres se doit d'être décent après éventuelle augmentation de capital.
Dans tous les autres cas, là encore, méfiance car une situation financière
explosive conduit souvent à de très mauvaises surprises. A savoir : un
endettement peut être considéré comme décent lorsque l'endettement net
est égal à 50% des fonds propres, sauf situation exceptionnelle.
La
liquidité du titre est-elle assurée ?
Souvent, les dirigeants, afin de ne pas être trop dilués au sein d'une
entreprise, se résignent à ne mettre dans le public que le minimum légal.
Problème : Si les titres affluent encore dans les jours qui suivent l'introduction,
il n'en reste pas moins que, à peu de titres répartis, correspond forcément
un marché pour le moins étroit. A savoir : les sociétés doivent mettre
au minimum 10% du capital dans les mains du public lors de leur introduction.
Comment
le capital est-il contrôlé ?
Il se peut qu'un capital éparpillé soit mauvais signe : en effet, la présence
dans le capital de nombreux gros actionnaires peut dans certains cas être
synonyme de départ imminent d'au moins l'un d'entre eux, ce qui ne manque
pas de déclencher un décrochage du cours. A savoir : vérifiez les conditions
de la dernière augmentation de capital, il se peut qu'elle ait eu lieu
à des conditions avantageuses.
En
conclusion, voici l'archétype de l'introduction qui a toutes les chances
de réussir :
bons fondamentaux
bonne visibilité
bonnes perspectives multiple de capitalisation décent
et bonne liquidité !
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